Je suis toujours sur ce lit trop grand pour moi. Je parle toute seule. J’écoute les mêmes chansons, les mêmes chansons que tous ces soirs. En pensant qu’elles détiennent peut-être quelques réponses.
Je trouve ça plus facile que d’arrêter de se poser des questions.
Alors je décortique les mots, je les récite, je les interroge et puis je les maudis. Ces chansons se donnent des airs de. Mais me laissent bien seule, à faire l’étoile de mer et puis le poirier, à prendre ce lit dans tous les sens, à retourner la couette et à jeter tant d’oreillers par la fenêtre.
Le plafond est blanc, il fait une triste mine, et je sais que certains soirs, il a un peu pitié. Il me voit errer dans un monde que bien des gens ignorent. De là où tu pries la vie, questionne la mort. De là où les cigarettes t’attrapent un peu trop la gorge.
Alors je regarde le ciel la tête à l’envers, où je vois ces étoiles, ces petits espoirs. J’attends la filante et soudainement, elles bougent toutes.
Je fais mille vœux à la fois mais j’ai pas la prétention d’en croire un capable de me surprendre. Alors je tape sur ce clavier, comme si je faisais moi aussi de la musique, comme si cette chanson, je la vivais, l’écrivais, la chantais bien trop fort pour réveiller un peu Paris avant de m’endormir égoïstement.
Et puis quand la chanson s’emballe, et quand je me reconnais dedans, quand je pense faire n’importe quoi en me prenant pour n’importe qui, quand j’observe mes erreurs et décerne les plus irréparables, quand je comprends bien que tendre des mains, c’est osé tendre toutes ses joues. Mais que c’est trop tard. Et que regarder derrière ne fait pas toujours grandir.
J’ai pas la force de m’expliquer, j’ai pas la force d’être plus claire. Alors je saute de ce grand lit, je vais péter mon matelas à force de bonds et de terrains à conquérir. Je le piétine, j’écrase tout ce qui me tracasse, un peu le passé, toujours ces mêmes questions et la nuit que je n’ai pas envie de passer.
Pourquoi devrais-je dormir, et m’éteindre où tout le monde songe, ressasse, attend et s’en retourne. J’ai envie de danser, d’appeler, de laisser des messages et d’en faire encore trop. J’ai envie qu’on me réponde, qu’on me dise des vérités et qu’on m’apporte quelques idées. Je sais qu’il y a des issues, alors pourquoi quand je pousse les murs, je me fatigue de tant d’impuissance sans arriver nulle part ?
J’attends de comprendre, mais je sais que je ne comprendrai jamais. Si tout me tombait dans les mains, si le thé passait tout seul le matin, si chacun de mes pas étaient sur la bonne route, je vomirais de tant de facilité, je n’aurais plus de larmes à verser. Je n’aurais rien à vous dire.
Alors on vivra sans savoir, et on se lèvera demain en ignorant. La suite et ses maudites.
On reconnait de jolis mots au fait que tout commentaire semble gênant, inapproprié, comme « de trop ».
Je me le suis très souvent dit en errant ici. Autant te le dire à toi:
Désolé d’être de trop…
Mais non, tu n’es pas de trop. Ton commentaire non plus. Les commentaires ne dérangent pas l’article, ils l’empêchent peut-être de se sentir isolé. Ils décorent un peu ses alentours. Merci à toi.