Billet confidentiel

Je suis en tailleur sur un lit trop grand pour moi. Je m’y perds un peu et puis j’ai envie de vous dire. Comme ça, maintenant.

Que non, je ne rigole pas tous les jours. Que je ne rigole pas plus fort que la masse.
Que quand je bois je m’amuse, mais j’oublie. Je suis ordinaire. Et si je n’existais pas, vous ne m’auriez pas inventée.

Et puis non, je ne suis pas fière de moi. Je ne suis pas fière de ce que je dis, de ce que je fais. Je ne suis pas fière de mes projets, je ne suis pas fière de savoir tenir un regard. De mes idées et de mes discours qui ne tiennent pas debout, et toujours moins quand je me grime.

Et puis je n’ai pas toujours les ongles peints, je me trouve plus souvent vilaine que vendable. Je me dévisage dans le miroir, je soulève mes paupières et je me dis que je suis bonne à rien.

J’ai plus à donner qu’à recevoir. Je préfère m’oublier que de vous racontez cette histoire de prince même plus charmant et de travail pas marrant. Je ne m’écoute pas parler. Je préfère vos longs discours à mes pauvres anecdotes.

Je ne me maquille pas, je ne fais rien de rose et je ne suis pas ma meilleure amie.

Alors oui, parfois j’ai crié, parfois j’ai écrasé, parfois j’ai prôné le culot plutôt que la retenue, mais souvent j’ai merdé. Je ne suis pas un spectacle. Je suis juste un excès, un bordel, mais je n’en fais pas un atout. Ma décadence m’est souvent revenue en pleine tronche. J’ai pris des murs, des troncs, j’ai le front et le corps amochés.

Je ne prétends pas avoir les bons mots. Je me demande même si ce billet aura un sens, un joli chemin et sera lu avec attention. Je m’en fous qu’il soit ignoré, je ne suis pas fière de mes mots. J’ai jamais affirmé bien écrire. J’ai juste dit que j’aimais ça. On peut encenser ses passions, pas la façon dont on les porte.

Je ne suis pas la première, je ne suis pas la meilleure. Combien de fois je finis au sol, combien de fois je voudrais être autre. Alors combien de fois je joue l’inverse, et je dis, et je crie : mais si regarde je suis si haute, si haute. C’est plus drôle de faire coucou depuis le haut du toboggan que les deux pieds dans le sable, à l’abri et empotée.

Alors je suis en tailleur sur ce lit trop grand pour moi et je regarde par la fenêtre. Oui c’est un billet à deux balles. Oui, elle en raconte encore. Mais elle ne cherche pas à briller. Elle est juste maladroite. Elle sait juste exprimer son bonheur sous trois feux d’artifices qui l’éclairent.

D’artifices.

Je peux essayer d’en raconter, de vous dire que je suis celle que vous ne voyez pas, que je ne suis pas celle que vous voyez. Je peux boire mon café, me brûler la langue, jurer et puis vous dire stoppez, stoppez. Il y a tellement derrière les gens, il y a tellement derrière les allures. Qui ne sont jamais un mauvais reflet mais juste une porte que l’on ne pousse pas.

Pourquoi est-ce que je vous raconte ça, n’est-ce pas toujours plus prétentieux de dire que l’on ne vaut rien. C’est encore une de mes confidences maladroites. Mais quelle confidence ne l’est pas.

Et bon été.

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