Quand tu reviens sur tes traces, peu importe les valises que t’as avec toi, peu importe les sacs qui te cassent le poignet et t’encombrent. Peu importe les feux sur la route, les passages piétons et les éternités qui traversent.
Quand tu reviens sur tes pas, quand tu reviens dix ans en arrière, peu importe les souvenirs qui subsistent encore, s’effacent ou font semblant. Parce qu’on ne revient jamais en arrière sans que cet hier ait le goût de la veille.
Peu importe que tu te souviennes ou non, tu sais qu’une fois que tu y seras, tout te sautera à la gueule comme si le temps s’était un peu glacé, comme s’il t’avait attendu.
Ne crois pas que tu as oublié, tout revient aussi vite que t’as pensé voir filer l’autre présent.
A cette soirée, tu retrouveras des airs de lycée, des rires d’antan, des gestes un peu communs. Tu retrouveras des sourires, parfois vieillis, parfois accompagnés de premières rides ou de dents jaunies de tabac. Tu te diras c’est pas très poétique, les visages marquent, se marquent, et moi, ma gueule ?
Il y a ce timide qu’on ne connaissait que de son stress. Qui aujourd’hui se tient droit et amoureux à côté d’une jeune demoiselle habillée de marron. Aujourd’hui, il danse assurément, il danse et te salue comme un homme. Il te décrit son parcours avec l’aplomb que tu ne lui aurais jamais prédit. T’es un peu fière de lui.
Il y a celui à qui tu ne disais que bonjour et avec qui tu vas partager des fous rires comme jamais, parce que parfois il faut des années sans se regarder pour se découvrir complices.
Il y a ce couple qui dépérit, qu n’a pas bougé d’un cheveux. Tu te dis c’est bizarre. Pourquoi leurs regards ont-ils perdu un peu de feu et ne tourbillonnent-ils pas sur la piste après toutes ces coupes de Champagne ?
Ils n’ont peut-être pas bu de coupes de Champagne. Tout le monde n’est pas comme toi.
Il y a ceux qui sont devenus Parisiens, ceux qui fuient la Capitale. Ceux qui te parlent de mariage, ceux qui te parlent d’enfants. D’autres qui te parlent de flirts en te disant que c’est pas plus mal.
Il y a le beau parleur, qui est resté beau parleur. Et la vulgaire, qui est restée vulgaire. Ceux qui changent, ceux qui restent fidèles à leur vieille image.
Tu redécouvres. Certains ont une bonne descente, la cigarette facile, le sourire timide, la main qui ose. Il y a ceux qui te parlent de routes difficiles et ceux qui en empruntent de trop dorées. On te parle de bonheur, de tout va bien, ou bien on te murmure que la vie est une petite salope. Tu ne sais plus trop d’où ça vient, la musique est un peu trop forte à ce moment-là.
Tu trinques, même si ça ne veut pas dire grand chose. Tu trinques à la santé, l’amour, à tous ces trucs bateaux qu’on s’était déjà souhaités en osant reconnaître qu’on se recroiserait peut-être plus.
Peu importe que tu repartes avec des valises, des presque-déjà souvenirs, des sourires sincères ou hypocrites, de bonnes ou mauvaises impressions. Le temps passera.
T’oublieras et puis ça te sautera à la gueule la prochaine fois que tu les reverras. Parce que cet hier reste toujours la veille et aura toujours l’indécence de s’endormir à tes côtés les années filant.
Comment c’est trop beau et très surprenant !
Je m’attendais à une billet sur le temps pourri de Paris, et ho, seurpraïse !
Tu écris drôlement bien … j’aime ta poésie.
Merci
A l’heure ou les gens bien eleves sont confortablement installes dans leur reves, je vogue sur la toile a la recherche de nouvelle plume numerique qui me ferai rire, au detour de quelques articles je lis celui ci avec un demi sourire et une impression de deja vu…. Et si ce n’etais pas qu’une impression…