Je ne sais pas ce qui te dérange.
Que j’envoie tous ces messages sous alcool.
Ou que j’envoie la vérité.
Qu’est-ce qui t’emmerdes à ce point pour que tu gueules ? Je peux avoir deux grammes, mais ne pas perdre un sous de ma naïvité. Je saisis juste l’occasion.
De leur dire.
De lui dire.
Ce que j’ai sur mon pauvre coeur. Ce que j’ai surenchéri avec lui.
Tu penses qu’il faut garder ses secrets. Je m’en fous. Je m’en fous. Si j’ai envie d’hurler la vérité plutôt que de la planquer, si j’ai envie de rattraper le temps que je considère avoir déjà perdu, si j’ai envie de tenter l’ultime. On sait jamais, que je m’éteigne demain matin.
Que je ne me réveille pas ou que je me brûle la langue avec mon café.
Alors j’ai bien le droit.
Pourquoi faudrait-il contenir ses plus intimes pensées ? Marcher dans les clous et rester sur ses réserves parce que quand même, à dire ce que tu ressens, tu risques bien de passer pour la dernière des connes.
C’est vrai que c’est honteux de penser à lui. De penser qu’il est une belle personne.
D’être triste quand il n’est pas là.
Je ne sais pas ce qui te dérange.
Que je ne marche pas droit ? Que je pique de ta cigarette, que je dépense mon argent en verres et déboires, que je tourne sur la piste sans repère, que je m’aggripe à des cous en demandant si je peux goûter. Ce qui t’emmerde le plus, c’est bien que je prenne mon téléphone portable et que j’envoie l’indicible.
Tu condamnes le fait que tout soit possible lorsque l’on est émêché.
Moi je m’en sers.
Et puis si demain, on me kidnappe. Et si les crises d’angoisse, les espoirs encore stériles, les lendemains pluvieux, et si les goûts amers, les cheveux en bataille, les chutes dans le métro, et si tout ce bordel m’emmène loin d’ici et ne me ramène pas ? Je dirais bah quoi, bah quoi. J’avais deux grammes mais au moins, je lui ai dit.
Parce que toi, tu sais ce qu’il faut faire et ne pas faire ? Parce que craquer pour dix petits mots, c’est se planter la gueule au fond du verre ? Tu dis n’importe quoi, t’as longtemps dit n’importe quoi. Alors laisse-moi. Je prends qui je veux par le poignet, je murmure ce que je veux dans les oreilles de qui dansera avec moi. Et puis, si je veux attraper le micro, montrer trois faiblesses et une paire de fesses, et si je veux lui prendre le menton et lui poser une question dérangeante, je le ferai.
T’es juste jalouse. Parce que c’est plus facile de passer de côté à des gens que de se lancer dans le vide.
Allez, tiens, bois un petit coup.