Amour

Je ne pensais pas. Qu’on pouvait quitter mais aimer toujours. Aimer encore, encore un peu ou encore trop. Claquer la porte parce qu’il semble que ce soit mieux, que de faire trembler les bibelots de l’autre côté, les sentiments pourtant pleins.
Je ne les croyais pas quand ils me disaient je t’aime mais je pars.
Si tu m’aimes, tu ne peux pas partir. Tant pis si les matins ne sont pas fous, tant pis si les projets ont déserté nos messages et nos conversations. On ne peut pas se quitter, puisqu’on s’aime.
Je pensais que parfois, ça suffisait, que de s’aimer.
J’ai toujours cru que dans les films, quand on se quitte mais qu’on s’aime, c’est parce qu’à la fin on se retrouve.
Et puis les nuits passent.
Une décision, deux décisions, trois décisions, quatre décisions, cinq décisions, six décisions, sept décisions. Des qui se contredisent, des qui sautent aux yeux, des qui vont dans le même sens et font le poids.
A voté.
A voté à contre-coeur mais à pour-courant.
A voté avec désolation.
Il est moche le constat. Peut-être que je croyais mal, alors.
Bien sûr qu’on peut partir alors qu’au fond, on se verrait bien rester.
Bien sûr qu’on peut tout planter et pleurer comme si l’inverse s’était produit, comme s’il était parti lui.
On plante tout parce que qui sait, c’est peut-être la bonne décision et que demain sera un peu plus ensoleillé.
Mais s’il pleut, on se demande bien ce qu’on va faire.
On se demande où ils passent, ces petits sentiments, ceux qui nous ont tenu jusqu’au bout. Ils ont été salis, ils ont eu peur, ils se sont écrasés pour qu’on laisse place à ce petit choix de vie, qui si ça se trouve, est trop grand et trop con.
Peut-être qu’ils sont planqués, quelque part entre l’oreiller et les aller-retours de la cuisine au salon.
Peut-être qu’ils se consument à chaque cigarette. Ou cherchent un coin pour dormir un peu. Ils ont tout fait, ils voulaient suffire, ils voulaient être un tout, une bonne raison de rester, la seule, ils voulaient être beaux, ils voulaient être forts mais là, ils sont fatigués.
Forcément, ils ne sont pas bien loin. Peut-être qu’ils vont s’évaporer et donc perdre. Peut-être qu’ils vont hanter et amoureusement gagner.
Je ne pensais pas. Qu’on pouvait quitter mais aimer toujours un peu.
D’ailleurs, je me demande si on quitte vraiment.
Peut-être qu’on claque la porte.
Mais qu’on garde les clés.

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