Le dimanche, on se rend sur notre banc. Clémentine me dit « Tu te souviens ». J’acquiesce et souvent sans bruit. Elle ajoute « peut-être aujourd’hui », je réponds « oui, peut-être aujourd’hui ». Nos yeux parcourent le square des Batignolles. Nous guettons. Et pour mieux patienter, ou peut-être pour mieux provoquer le destin, on…Continue reading Rencontre
Auteur/autrice : Caroline Michel
Tu as été mon premier homme et moi ta première pucelle
Elle avait cinq ans et pas d’amoureux. J’en avais quatre de plus et à peine l’ombre d’un. Dans le jardin, je la faisais courir, sauter, compter, je criais « Lu, viens » et on se roulait dans l’herbe. Je ne sais pas pourquoi, j’ai un souvenir de ciel bleu, toujours et de l’un de ces après-midi sans…Continue reading Tu as été mon premier homme et moi ta première pucelle
Tu crois que je couche avec lui ?
Je m’agite, il est dix-huit heures, j’enfile une culotte et par-dessus un jean. J’ai les cheveux placés mais les doigts qui tremblent en vérifiant. J’appelle Alix et lui donne rendez-vous au « café d’en bas » dans quinze minutes pétantes. J’ai besoin d’elle, de son avis de fille plutôt sage et surtout : de sa…Continue reading Tu crois que je couche avec lui ?
Il a répondu
C’est comme une réunion même si ça n’en porte pas le nom. On est quatre gentilles connasses autour d’une table, des paquets de cigarettes échoués, des briquets et une boîte d’allumettes, des bières et des dessous de verres en carton que Clotilde déchire du bout des doigts. Agacée, elle déclare que c’est le moment :…Continue reading Il a répondu
Retomber amoureuse
Ce mercredi soir, il faisait presque beau. J’avais ouvert les fenêtres en grand et j’attendais qu’il rentre du travail. Je prenais des notes sur un carnet, je m’inventais des projets, je voulais faire des photos, écrire ou tricoter, trouver du travail et bronzer le mois prochain. Quand il est arrivé, sa mine déconfite a stoppé…Continue reading Retomber amoureuse
Il va rompre dimanche
On distribuait les gobelets. Assis en tailleur et en ronde, nos cigarettes depuis le ciel formaient peut-être le plus joli lampion de toutes les bandes de copains. Romain m’a servi à boire, il a ajouté : il faut que je te dise. Je n’ai pas bougé, je savais qu’il allait poursuivre. Ne laisser qu’une seconde…Continue reading Il va rompre dimanche
Dimanche matin
Dimanche matin. Et ça sent déjà les œufs brouillés. Grégory s’active. Il prend les petites bêtes, les casse sur le bord de la poêle, et s’émeut à l’idée de bruncher. Je crois que c’est la seule chose qui lui fait du bien en ce moment. Mon vagin, bof. Mes sourires, il s’en fiche. Le chat…Continue reading Dimanche matin
J'ai toujours préféré aux voisins ma voisine
Elle et moi, on a les avantages de la coloc sans en avoir les inconvénients : on est amies et voisines. Séparées par un couloir minuscule qui nous donne presque l’impression de cohabiter, on peut se débarrasser l’une de l’autre quand on a envie de personne ou qu’on ne rentre pas seule. Quand on a besoin,…Continue reading J'ai toujours préféré aux voisins ma voisine
Ces deux-là
Je l’ai rencontré il y a une dizaine d’années, je crois. J’étais en vacances dans le sud de la France. J’ai un souvenir vague d’un magasin de bijoux et de sa voix qui me surprend. Je retiens son nom, il ne retient pas le mien. Evidemment, c’est souvent comme ça. Je pense dès lors que je…Continue reading Ces deux-là
La dilatation du bouchon
J’arrivais tôt. Je le demandais serré. Elle me servait un café que je buvais en silence en observant la salle. Les tables étaient vides. Mais ce soir, nous les envahirons. Je crois qu’au début, entre collègues, on y allait par flemme. C’était le bar en bas du boulot, c’était le temps d’une cigarette entre notre…Continue reading La dilatation du bouchon