Ouais, c’est comme ça, c’est la grosse teuf à la fouffe*, alors sers-toi un petit verre, on va trinquer aux étriers et autres merdes.
Camille vous racontait sa mésaventure avec sa gynéco. Je pense qu’il est important que je vous fasse part de la mienne. Que tu vas apprendre des choses folles, non pas tant sur mon anatomie, non, mais sur comment on fait des bébés. J’espère que t’es content.
Moi oui.
C’est-à-dire qu’il y a un an, je me rendais chez ma gynéco.
Une femme pas comme les autres.
Mais vraiment pas, et c’est pour ça que je l’aimais. Une masse de cheveux gris blanc – c’est époustouflant, un look improbable – une inconditionnelle du sarouel, trois fois mon âge, accro aux lentilles rouges et au quinoa, bref une gynéco bio qui bouffe du chocolat noir commerce équitable en trifouillant des fouffes. Le genre de gynéco qui se refait pas et qui te garde une heure parce qu’elle adore faire sa psy. Elle s’occupe davantage de ton moral que de ton utérus et te maintient que c’est lié.
Elle a raison, moi l’utérus pimpant, je pourrais déplacer des montagnes.
Je suis fragile des hormones, de toute façon.
Ses grandes théories m’ont toujours fascinée, je suis toujours ressortie de chez elle heureuse, un peu comme si elle m’avait collé de l’antidépresseur dans l’ovaire ou offert une bon rhum bio du Paraguay.
C’était devenu comme le coiffeur, t’y vas même si t’as pas besoin, c’est juste pour le plaisir de te faire remuer le poil et papoter.
Puis un beau jour, elle m’a annoncé qu’elle allait partir à la retraite dans quelques mois. J’ai pleuré en sortant, j’ai été voir la secrétaire, j’ai booké dix créneaux dans l’agenda histoire de profiter d’elle avant qu’elle s’envole pour la Tanzanie offrir de son âme et de son aide. Enfin, j’imaginais.
Pour le dernier rendez-vous, j’ai hésité à venir avec un cadeau puis j’ai pensé que c’était déplacé.
On a parlé. Ma vie, mon oeuvre. Un peu la sienne.
Puis on a fait un petit point gynécologique. Je veux reprendre la pilule, que je lui ai dit.
Et vous avez eu des rapports sexuels sans pilule, donc, ces derniers temps ?
Oui, avec préservatif
AVEC PRESERVATIF ?
Euh, oui
Là, j’ai eu un doute, du genre en fait ça s’appelle pas préservatif.
AVEC CAPOTE CHAPEAU CAGOULE j’ai dit.
NON MAIS CA VA PAS ! Vous savez QUE LES FABRICANTS DE PRESERVATIFS SONT LES MEMES QUE LES FABRICANTS DE TETINES DE BIBERON ? Y A DES TROUS AU BOUT !
Mais moi je vis en 2013, mais j’ai pas osé lui dire. Et je bouffe des OGM.
VOUS ALLEZ ME FAIRE UN TEST DE GROSSESSE, VITE ! VOUS ETES INCONSCIENTE.
J’ai eu davantage peur de la piqûre que du résultat.
J’ai appelé toute la terre entière pour SAVOIR.
Je me suis dit et si c’était comme le père-noël, ce truc-là, tout le monde le sait un jour mais chacun à son rythme. Peut-être que j’étais à la bourre et victime d’un atroce mensonge. Peut-être que les capotes n’étaient juste que des passoires en silicone et qu’on pouvait faire des bébés avec et que c’était même vivement recommandé. Peut-être que j’avais rien compris.
Après ça, elle est partie à la retraite. J’ai fait parfois des cauchemars d’elle, avec ses gros cheveux, qui me demande et est-ce que vous avalez mademoiselle, vous allez avoir des JUMEAUX vous êtes inconsciente.
Je sais, cette histoire est terrible.
Du coup, faut quand même que je vous demande, est-ce que les fabricants de pilules sont les mêmes que les fabricants de KISS COOL ?
Nan parce que si c’est le cas, va pas falloir me prendre pour une bille longtemps.
*J’ignore l’orthographe de fouf’, foufe, fouffe, mais fouffe, ça me plaît bien.
J’ai adoré et surtout bien rigoler. En ce bon vendredi matin ca m’a apporté un peu de bonne humeur. T geniale caro
Merci Saby. Au plaisir ! <3
Ah ta fameuse gynéco ! J’aurais bien aimé la rencontrer tiens !
PS : il n’y a que 3 % d’échecs pour le préservatif masculin et 1% pour la pilule…