Bref, j'ai une vie de trottoir

Il n’y a pas de trottoirs sans conclusion.

On finit bien souvent sur un trottoir. Fin de soirée, discussions inachevées. L’envie de percer un peu de l’autre, un peu de ce ciel. De refaire le monde, l’amour ou l’année, bref le temps de se la refaire à l’envers.

Il y a ces trottoirs où tu aurais dû te taire et ceux où tu remercies le ciel de t’avoir fait parler.
Et puis ce trottoir où tu fais des ronds avec ta fumée de cigarette parce que t’as peur de prononcer l’indicible. T’es là, que tu te mords les lèvres.

Il y a ces trottoirs où tu te dis merde, mon pantalon est crade.
Et puis ceux où tu vomis, parce que t’as dépassé les bornes, parce que t’as plus d’appuis.

Il y a ce trottoir du 30 décembre et puis celui du 27 juin.
Il y a le trottoir surprise et le trottoir qui a fini en eau de boudin.

Je me souviens du trottoir où il s’est levé, il est parti et j’ai chanté un petit Barbara. C’était sacrément la merde.

Y a les trottoirs qui entament des histoires d’amour et d’autres qui les achèvent.

Ce trottoir où t’as demandé c’est quand que le prix des clopes augmente déjà ?

Celui où t’a voulu le retenir et celui où il a voulu te dire je t’aime, mais il savait pas trop comment.

Celui où tu t’es assise, seule un soir, en te disant punaise, faut que je respire. Parce que la soirée t’a secouée, parce que son regard était fou.

Il y a les trottoirs qui portent tes plus grands fous rires et d’autres tes immatures crises de larmes.

Il y a ce trottoir où tu te ronges les ongles pour la première fois, parce que tu ne sais plus où t’habites et que finalement, t’es plutôt bien plantée là. Tu prends trois pauvres pavés en otage et tu te stoppes un peu le temps. Tant que tu demeures, ta vie n’a pas de suite.

Et ce trottoir qui te grandit, où tu prends vingt centimètres. Où tu dis à ton homme, tu vois, tu vois, je suis à ta hauteur. Maintenant emmène-moi. On a des voyages à faire et des rires à propager. 

Bref, je dédie ce billet à vos soirées trottoirs. De là où tu bois, où tu danses, où tu meurs de froid. Où tu oses une petite prière. Ciel noir, coeur en perdition ou en progrès.

Et pour finir, quand même, il y a ce trottoir où on s’est exporté sur celui d’en face parce qu’on a toujours préféré regarder le nord. C’était un peu mon préféré.

Bref, on a tous une vie de trottoir.

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