Le mec qui.

J’aime trop vos appartements.

Mes clopes à la fenêtre quand vous dormez encore. Quand je me force à oublier vos prénoms.

J’ai peut-être dormi à droite, peut-être à gauche, puis je n’aurai bientôt que de maigres souvenirs. Est-ce qu’on a fait l’amour, est-ce qu’on a parlé des heures, comment j’étais fringuée, et puis combien de détours par l’église avant de venir.

J’aime trop monter vos escaliers. Découvrir vos plafonds, passer mes pieds froids de la cuisine au salon, du salon à la cuisine, piquer de votre café et de vos baisers pour quelques heures.

Je compare vos canapés, et puis comment je m’étais balancée dans l’un, évanouie dans l’autre. Quelles chansons on a bien pu écouter, et ce vieux Goldman, c’était plutôt rive droite, c’était plutôt rive gauche. Peu importe, j’avais la tête qui tournait bien trop.

Je regarde par la fenêtre votre décor, votre tableau de tous les matins quand il n’est et ne sera pour moi qu’un bout de paysage associé à votre âge, votre main sur ma joue et le souvenir d’un orgasme sur le tapis du salon que vous n’aviez peut-être pas.

Passer par des lits, garder en tête la couleur de l’oreiller, peut-être plus que celle de vos yeux.

Et puis par la fenêtre, quand cette cigarette décompte déjà l’heure du départ, une vue sur une cour d’école, sur le tabac par lequel il faudra passer. La tronche du buraliste qui fera partie de l’histoire. 

Un bar fermé, un bout de la Tour Montparnasse, là-bas au loin. Un réveil vers le nord.

Me demander combien de fois j’ai déjà dormi là et combien de fois je repasserai. Dans combien de temps j’aurai oublié le code en bas.

Je garde des sensations, de la température de l’eau et du carrelage froid de vos salles de bain, et le nom de vos shampoings, des minutes sous la douche, déjà mortes, à refaire la nuit.

Refaire après un peu vos lits.

Je tire des portraits de vous, je vous fous dans des cases, je vous accole à des dates, de mi-saison en transition.

Un peu comme les lignes de métro auxquelles je vous associerai encore longtemps. C’était mes trajets à l’envers, mes trajets de septembre, il y avait ceux avec espoir et ceux qui se traînaient plutôt sans.

Je passe dans vos vies pour vous faire passer dans la mienne, et dans ce putain de recueil de nouvelles que je vais putain de finir.

J’aime trop vos appartements, vos rires et les doutes qui s’en suivent. Apprivoiser votre lieu. Vous voir déjà dans mes prochains textes. Quand s’inviteront les souvenirs de ces matins où le ciel de Paris a quelque chose de différent. Pour quelques heures. J’espère que vous reconnaîtrez vos trottoirs, ces rues que je raconterai égoïstement. Je tisserai un lien entre elles et moi, entre ma gueule et ma gueule, et vous ? Vous serez une clope vue sur mer.

Tu seras le mec qui.

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