D’abord, lecteur, tu lis le titre et tu ris. Ensuite, je te balance mon texte avec ses airs prétentieux, qui en fait est juste amoureux (de toi). Voilà.
Et puis, qui êtes-vous quand la lumière, je la baisse, quand je me dis écris, crache un truc ou trois cendres, mais fais quelque chose. Qui êtes-vous ? A part trois personnages, un flou de journée, un reste de clope, un goût de ce verre qu’on a presque fini. Vous n’êtes plus personne.
Vous êtes un décor, un truc dans lequel je me suis trimbalée. Quand le soleil s’inflitrait. J’ai traîné mes bras, j’ai traîné mes pieds, je me suis même agitée de deux trois danses en vous suppliant de me raconter un peu de vous, de me montrer les détails de vos nuits et l’angle le plus fou de vos sourires. Je vous ai demandé de vous dévoiler et de laisser sur votre front s’écrire quelques vérités. Et puis ces vérités, je les prends, je les noie et je les balance sur papier avec d’autres formes, d’autres couleurs. Et puis je vous jette. Vous n’êtes plus personne. Je suis passée par vous, j’ai respiré vos quotidiens, vos angoisses et vos satisfactions médicamenteuses.
Et quand je me retrouve seule, et paumée, le clavier qui me regarde menaçant et les cigarettes qui m’accusent de les utiliser pour choper le bon premier mot, et quand la nuit est forcément tombée, que la pluie peut bien en faire de même, alors je prends ce que j’ai vu, entendu, de vous autres, je vous refais le portrait, je vous peins, je vous défais. Je vous utilise. Parfois je vous transforme et je vous déteste. Parfois, vous ne vous connaissez pas mais vous vivez chez moi. Dans un texte fou, où vous faites l’amour, d’autres fois la guerre, et d’autres fois encore un peu la sieste et une prière bien vaine à votre réveil.
C’est comme si vous n’existiez plus, je me sers juste de vous. Que je vous connaisse à peine ou que je partage vos clopes, vous êtes toujours une ligne. Parfois j’aime bien vous embellir et constater que vous ne changez pas, et que vous avez toujours votre air le lendemain matin. Vous massacrer et vous voir toujours aussi pimpants. Le soir, si j’écris, si je fais un texte mélo à deux balles comme il me plaît de vous le faire entendre à l’instant même, j’aime constater que je n’ai plus grand vie, que je vous ai supprimés du champ, que vos bavardages et vos yeux verts, ça m’est égal. Vous m’avez juste nourrie et le soir, rideau tiré, j’ai oublié, j’ai coupé les scènes, j’ignore un peu où je me promène et je vous croise au fil de mes écrits. Je baisse les yeux. Parce qu’il n’y a pas de quoi être fière.
La vérité, c’est que vous êtes ma plus belle inspiration, et puis. Et puis un jour vous vous reconnaîtrez peut-être, ou pas. Mais j’ai quand même envie de vous remercier, même si le début de mon texte vous raconte combien je peux vous croire être des pions, comme je peux aspirer votre bien, votre mal, et vos quelques pensées pour en mijoter une histoire à deux balles. Non, vous voyez, j’aime bien me frotter à vous, j’adore vos rires, vos pleurs et vos espoirs imprécis.
Et puis parfois, moi aussi j’aimerais bien être un de vos personnages. Me balader dans des textes, être le souvenir de quelqu’un, raconté en cent mots, avec du bon comme du mauvais, avec combien je l’ai fait sourire ou mis sur les nerfs. Je veux bien qu’on me bouffe et qu’on vienne tirer de moi le pire comme le meilleur, histoire d’en sortir un paragraphe si peu propre, ou trop brillant. Bref, un paragraphe qu’on lirait en se disant ce personnage a un truc. Parce que si moi, je me sers de vous, c’est que vous avez un truc.
A vos prochains sourires.