Quand tu rentres un beau soir, que tu balances tes talons dans la chambre, qu’ils volent et puis s’étonnent. Qu’est-ce qu’elle nous fait encore ? Que tu t’endors avec ton tee-shirt du jour, avec ce bruit de tes pensées diffuses, de ces questions incessantes, de ce trouble un peu trop frais. Est-ce que le regard qu’il t’a jeté toute la soirée a un avenir ?
Et quand de bon matin, le café passe où les minutes s’écrasent, que tu te changes dix fois avant de te trouver décente, mais que les cheveux en bataille ont un charme que tu ne refuseras jamais, et quand ta vie est un bordel, un sacré bordel, mais que tu la remercies.
Tu remercies le fouilli, les piles de linges, les verres de trop, l’heure qui n’est plus.
T’as un rythme qu’on ne comprend pas et des nuits assez courtes.
Et puis un matin, quand tu te réveilles ailleurs, mais que l’ailleurs pourrait être un chez toi, quand tu regardes le grand plafond comme s’il était un bout de ton ciel, que tu pries faiblement pour que cet oreiller devienne tien, que le décor t’est inconnu et te donne cette impression de vivre un film nouveau. Parce que cette fois, t’as déserté ton appartement et que même si tu t’endors avec ton tee-shirt du jour, l’air est différent. Y a un peu de fouilli, mais c’est pas le tien.
Tu remercies le hasard, les verres toujours de trop, ta passion inépuisable d’avoir adhéré à ce nouveau regard.
Tu ne sauveras pas ta peau, elle aime trop voguer dans les rues de Paris, elle aime qu’on la frôle, la respire. Et se jeter dans ses draps à lui, et puis tourner en rond sous une lourde couverture. A te demander si tu es bien là où tu crois être.
Et si cette main qui passe dans tes cheveux le refera demain. Parce que si tu n’as pas beaucoup de souhaits à la seconde, tu trouves qu’elle se démerde plutôt bien.
Quand tu te réveilles ailleurs et que la pluie s’implique, parce qu’elle sait que tu l’aimes, qu’elle veut rendre le scénario toujours plus beau, t’offrir un autre plafond.
Le sien avait quelque chose de plutôt gris mais de plaisant.
Tu remercies l’automne qui ne devrait pas tarder.
D’avoir les pieds gelés sur un carrelage que tu ne connais pas. Parce que c’est dingue, mais tu t’en fous.
Et quand tu rentres un beau soir chez toi, que tu balances tes talons dans la chambre en criant un peu, parce que soudainement, tu retrouves ton décor. Tes murs et tes habitudes. Et que rien ne te dérange. Si ce n’est le fait que tu préfères être dérangée. Que tu préfères t’endormir dans un décor neuf et te réveiller avec des sensations si nouvelles, un ventre épris et sa main dans tes cheveux. C’est beau de se réveiller ailleurs. De regarder par la fenêtre, de se sentir paumée et en même temps un peu rassurée. On est bien là, non.
Tu ne demandes même pas un lit, juste un plafond, trois sourires et un nouveau goût à tes réveils.
Bonne nuit.